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Généalogie famille Béquet - Van Stalle

Généalogie famille Béquet - Van Stalle

Rien ne vaut le bonheur de partager le résultat de ses recherches.


Interview de Maurice Béquet (L'aérophile Janvier 1942)

Publié par Christophe Béquet sur 19 Juillet 2018, 10:20am

Catégories : #Famille Béquet

Bonjour à tous,

La très riche et très passionnante Bibliothèque Nationale de France (Gallica) regorge de documents intéressants.

Je suis d'ailleurs tombé il y a déjà quelques temps sur un article consacré à Maurice Béquet dans la revue "L'aérophile" lors d'un numéro spécial du cinquantenaire de janvier 1942.

Selon Wikipédia, L’Aérophile est une revue aéronautique française qui fut publiée de 1893 à 1947. Elle est considérée comme la plus ancienne revue aéronautique mondiale. Elle fut à partir de 1898 la revue officielle de l'Aéro-Club de France.

Vous trouverez ci dessous la transcription du document que vous pouvez également retrouver directement en cliquant sur le lien ci dessous ce qui vous permettra de voir des photos de Maurice Béquet.

MAURICE BEQUET

J’ai passé mon brevet de pilote sous le numéro 1294 le 2 mai 1913. J’aurai pu le passer largement deux ans avant, en effet dès 1911 j’avais piloté.

Mais écoutez mon histoire, puisque je dois parler de moi à l’occasion du Cinquantenaire de l’Aérophile, comme les camarades de la première heure ont parlé d’eux.

Or donc, jeunes auxquels sont destinés ces souvenirs, apprenez que je suis venu à l’aviation par la marine.

Voici pourquoi : mon père était traiteur et ravitaillait les bateaux non encore armés sortant des Forges et Chantiers Méditerranéens et des Chantiers Augustin Normand. Ainsi je fus amené à monter à bord de plusieurs torpilleurs pendant les essais. Les amitiés que je me fis me permirent de conduire tout jeune les machines de ces unités de guerre. Cette première formation porta ses fruits et bientôt je me trouvais assez qualifié pour orienter mon activité vers les essais des moteurs d’automobiles. De là à essayer des voitures sur la route il n’y avait qu’un pas que j’eus vite franchi. C’est ainsi qu’en 1905 j’essayai chez Westinghouse des voitures 40 CV dérivés des Mercédès. Au cours de ces essais, je fis la connaissance de Canton et Unné qui devaient devenir célèbres dans l’aviation comme constructeurs de moteurs, et de Lhomdé dont la carrière comme essayeur de voitures n’était pas terminée. En effet je passai chez Schneider où j’essayai les voitures Eugène Brillé dont Béchereau qui devait devenir célèbre comme ingénieur en chef de Deperdussin. Mais mon heure n’était pas encore venue et j’acceptais de partir à New-York à des conditions intéressantes pour essayer des voitures américaines.

Revenu en France mon contrat terminé je trouvai l’aviation à ses débuts et décidai de m’y consacrer

Je débutais comme mécanicien de mon ami l’aviateur Marcel Pailette. A l’époque Léon Molon(2) était notre grand initiateur et nous admirions Chevilliard. J’avais entre temps sur Sommer et seul à bord réussi quelques envolées pour conduire des avions d’un terrain à l’autre. Mais le premier vol digne de ce nom que je devais effectuer le fut comme passager de Laurens sur Deperussin. Après avoir été breveté le 2 mai 1913 je décidais de mettre les bouchées doubles et j’y réussis sous la direction de mon maître Maurice Rost. J’obtins de partir en Amérique du Sud où l’on demandait des moniteurs décidés. J’organisais là-bas la première école militaire du Paraguay. J’y étais encore en 1914 au moment où la guerre éclata. Je m’engageai immédiatement comme combattant volontaire pour la défense de mon pays. Je me trouvais alors à Santiago du Chili et le voyage de retour fut long. Lorsque j’arrivai en France en octobre 1914 on m’affecta sur Deperdussin. Puis successivement je fus désigné pour l’escadrille Caudron 13, puis pour la Nieuport 69 et la Morane-Saulnier 12. Avec ces formations je me battis un peu sur tous les fronts spécialement sur celui particulièrement glorieux de Verdun où j’abattis un avion ennemi au cours d’une mission de reconnaissance et obtins une citation du général Pétain.

C’est alors que le Commandant de Rose me désigna pour effectuer l’essai du nouveau Spad VII. Les essais se passèrent fort bien. L’avion faisait preuve des plus belles qualités. Bientôt après devait sortir le Spad XIII, bi-mitrailleuses à moteur Hispano de 220 CV.

Mais en même temps que cet avion, le célèbre ingénieur Herbemont(2) poussait à la réalisation d’un petit appareil fort rapide et très maniable muni d’un moteur mono-soupape Gnome très nerveux mais terriblement délicat à mener.

Je le pilotais avec succès à Villacoublay. Une marque concurrente de Spad munit du moteur mono-soupape une nouvelle série d’avions de chasse de sa conception. Gilbert qui pilotait l’un des avions concurrents avec le même moteur était délicat à mener. La mort ne devait pas lui permettre de terminer ses essais. Auparavant j’avais signalé la délicatesse de conduite du moteur et j’avais déconseillé son emploi en escadrille. Je fis part de mon opinion à l’ingénieur Toussaint et le moteur ne fut pas adopté sur le front : cette décision arriva peu après le départ de la première escadrille vers les lignes : ses avions durent ramenés à l’arrière et servirent aux écoles.

Soyez enthousiastes, luttez, persévérez. Vous réussirez, et en réussissant, vous servirez votre pays.

Maurice Béquet

Le Spad XIII entra alors dans les mœurs.

La guerre prit fin, je continuai la réception de tous les types de Spad sauf le 300 CV. Mon regretté camarade Lacrouze(2) l’essaya et se tua.

C’est quelque temps après cet accident que je décidais de me spécialiser dans l’aviation de propagande. Comme pilote de meeting je pris part aux manifestations de Nice, de Rouen, ou je passai sous le pont transbondeur, de Vichy, du Bourget (Meeting des « Vieilles Tiges ») où je gagnai la course au Clocher ayant comme passager le journaliste Pierre Labric, maire de la commune de Montmartre.

Un souvenir amusant : Pierre Labric à la suite de notre victoire me demanda de survoler Montmartre à basse altitude afin que ses « sujets » puissent voir mon avions de près. Emmenant, mon vieux camarade Raymond Saladin(1) qui était à l’époque chef de la rubrique Aéronautique de l’Auto je m’envolai de Buc. Peu après notre départ nous étions sur Paris et repérions la place du Tertre, ou la mairie de la commune libre tenait ses assisses. Piquer au ras des toits dut l’affaire d’un instant et bientôt nous survolions la place historique. Nous y jetâmes des manifestes que Pierre Labric(2) nous avait confiés : Nous revînmes à Buc. Le lendemain… le maire de Montmartre nous gratifiait d’une superbe contravention « pour avoir salir son « fief » par jets de prospectus ». Si vous montez dans l’avenir au siège de la commune libre, vous trouverez dans les archives la contravention dressé en bonne et due forme « contre l’aviateur Béquet et son passager Saladin ».

Après avoir continué un certain temps mon activité de pilote je me retirais à Deauville : j’y ouvris un restaurant. Lorsque la direction de mon affaire m’en laissait le temps, j’allais chasser le canard en avion.

J’ai un fils de 12 ans. C’est un bon élève. Je lui ai fait faire son premier vol à 24 mois. Il a volé bien souvent depuis. Mais l’aviation ne le passionne pas. Il a une vocation bien arrêtée : il veut devenir officier de sous-marin.

Je terminerai en vous avouant que je me suis montré à plusieurs reprises infidèle au plus lourd que l’air en courant en automobile. De ces courses je garde un souvenir dominant : pilotant un bolide muni d’un moteur de 180 CV d’aviation j’ai battu un beau jour à Boulogne le record du monde de la vitesse sur le kilomètre en 29 secondes 25/100.

Un conseil aux jeunes ?

Soyez enthousiastes, luttez, persévérez. Vous réussirez, et en réussissant, vous servirez votre pays.

NDLR – Maurice Béquet qui vient d’être très sérieusement malade est maintenant en pleine convalescence. L’Aérophile lui transmet ses meilleurs vœux de rapide rétablissement et rappelle à l’occasion de sa déclaration que sa carrière lui a valu : la légion d’honneur, la médaille militaire, la croix de guerre, la médaille de Verdun, la croix des combattants volontaires et plusieurs ordres étrangers. ».

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